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La liberté de la presse des loisirs en pantoufles ne passera pas par Push. Euh si elle passera 
  Jeux vidéo Critiques  
On dit souvent du mal des jeux à licence. Avec raison. Productions sans âme, destinées à être vite vendues, dans la foulée de la campagne promotionnelle autour du produit référence du jeu en question, ces oeuvres n'existent que par leur titre. Leur contenu est généralement très décevant, même pour les plus grand fans de la dite licence. C'est donc avec la plus grande méfiance qu'on accueille chaque nouvelle sortie multi-support arborant un grand nom sur sa jaquette.


"Nein, Ich habe nichts gemacht !"                   "Du bist einer groß Menteur !"


Mais celle qui nous intéresse ici mérite un accueil plus enthousiaste, car il s'agit d'un grand retour. Voici enfin une nouvelle adaptation vidéo-ludique des aventures de... Stefan. Oui, c'est bien lui. Ses vrais fans l'ont déjà reconnu. Nous allons enfin pouvoir incarner à nouveau le plus grand héros des temps modernes: Stefan Derrick.

Gouteunne Tague

Ca s'appelle Stefan Derrick Abentauer, ein Deutscher Cop Simulazion, et nous le devons à nos petits camarades de Gaming-Side. Après de longs débats internes, le projet de jeu basé sur Benny Hill a été abandonné par le studio lyonnais, en raison du caractère kitsch trop poussé de cette série qui fit rire les enfants des années 80. Cela risquait d'entacher l'image de ce jeune studio, bien plus que les clichés (trafiqués) montrant l'un des membres de l'équipe dans une tenue de superman ridicule... Cette expérimentation (entre autres) permit tout de même aux concepteurs d'affiner leur connaissance dans le domaine des héros populaires. Derrick, voilà un vrai héros, qui peut faire battre les coeurs des anciens admirateurs de Thierry La Fronde, Clint Eastwood, San Ku Kai, Raymond Barre, Luke Skywalker, Neo ou de Marie-Pierre Casey, tous conquis par l'homme au regard de feu. Un authentique modèle trans-générationnel capable de motiver les responsables financiers des éditeurs pour investir dans un jeu vidéo, et néanmoins un véritable support de choix pour une activité ludique intense et jouissive. Et c'est quand même ça qui nous intéresse sur pouche tiret start point comme. Si on vous le dit.

qu'il est fringant ce StefanAvant de vous présenter le futur blockbuster qui assurera la fortune de nos amis de Gaming-Side, il convient de revenir sur l'histoire d'amour entre Derrick et le jeu vidéo. Euh... sur les précédentes adaptations des aventures de Stefan en oeuvre vidéo-ludique. Bien avant le projet ambitieux du troisième millénaire, un jeu vidéo reproduisant les fabuleuses sensations de la série avait été développé, sur Atari 2600. A l'époque, Stefan était plus jeune, un feu follet dont l'énergie enthousiasmait les foules et humidifiait les sous-vêtements féminins, bien au-delà des maisons de retraite.

Il faut souligner le courage des développeurs qui ont créé le premier jeu Derrick, à une époque où le personnage était sulfureux... L'échec commercial était inévitable, diront certains; néanmoins le geste était beau, et le premier Derrick reste dans toutes les mémoires des fans de Stefan. Le système de jeu est des plus classiques: Derrick parcourt une série de pièces dans lesquelles se trouvent plusieurs personnes, et il doit retrouver le coupable parmi elles. On pourrait reprocher à ce principe de reposer en partie sur le hasard, mais il n'en est rien: les déplacements des sprites sont basés sur le sentiment de culpabilité. Tout le talent du joueur, via le personnage de Stefan, est de savoir observer impassiblement les suspects tels des mouches dans un bocal pour mieux l'attraper et le dévorer goulum... l'arrêter et le remettre aux forces de l'Ordre (la Police quoi, pas l'Ordre du Temple Solaire).

Aujourd'hui, ce jeu très recherché et se négocie âprement sur les sites d'enchères, comme ici, sur ibé.





L'année suivante, une variante fut développée pour le Vectrex. Rien de moins ambitieux qu'une simulation d'interrogatoire, par Derrick himself !
Les graphismes stylisés et magnifiquement épurés rappelaient à merveille le minimalisme si finement travaillé du scénariste Herbert Reinecker. L'animation des vecteurs possédait la rapidité légendaire des jeux de la console; il fallait bien ça pour honorer le dynamisme de notre inspecteur. A vrai dire, parfois le jeu va un peu trop vite, et les mouvements d'index auraient gagné à être traités en bullet-time, pour plus de lisibilité. Cela n'empêche pas le jeu d'être excellent, et tout fan de Derrick y trouvera largement son compte.

   



Il a fallu attendre la sortie du Game Boy pour voir Derrick apparaître de nouveau sur nos écrans. Suivant la mode des beat-em all à la Final Fight, Stefan s'est retrouvé dans la rue pour castagner du kommunistischer Straßenjunge à München, dans Derrick's Fight for Justice, tout d'abord sur la portable de Nintendo mais aussi sur Megadrive ! D'ailleurs tout le monde s'extasiait devant Streets of Rage en négligeant les aventures épastatouflantes de Derrick. Techniquement, les deux jeux exploitent brillamment le support. Le fan de Derrick préfèrera sans doute la version GB, pour profiter du noir et blanc, plutôt que de jouer avec des couleurs parfois trop vives sur Megadrive. A vrai dire, cela fit même débat dans la communauté Derrickienne à l'époque. En effet, certains décors et surtout certains Straßenjungen sont parfois trop colorés, ce que ne manquaient pas de dénoncer les intégristes du Komiser. Cependant, Stefan lui-même reste magnifiquement terne. Il serait donc injuste de voir en Fight for Justice une injure faite à l'esthétique de la série. Fort heureusement, le gameplay, d'une délicieuse lenteur, mit tout le monde d'accord: Derrick's Fight for Justice, malgré son titre anglophone, est un excellent jeu et son manque de reconnaissance est un des plus grands scandales de l'histoire du jeu vidéo.
A l'époque, certains joueurs furent surpris de voir Stefan faire acte de violence... Ils ignoraient certaines choses, nous allons y venir.

   

Il faut être sincère, tous les jeux Derrick ne sont pas bons. Ca me fait presque mal d'apporter du crédit à la malédiction 32X, mais il faut bien reconnaître que le Derrick tournant sur cette extension ne fera rien pour redorer son blason. Le jeu affiche certes un nombre de polygones satisfaisant pour l'époque, mais il est dramatiquement saccadé et l'observation de l'écran en est presque douloureuse. Cela ne rend pas honneur à la série qui se distingue par la grande fluidité de sa réalisation. C'est du gâchis, osons le mot, et il ne faudra s'y attarder qu'en émulation, par curiosité. Démerdez-vous pour trouver l'original afin d'être en droit de jouer avec la rom du jeu.

   

   



La dernière adaptation de la série avant cette année date de 1995, bientôt 10 ans sans jeu vidéo Derrick ! Il s'agissait de Derrick's Bowling Simulator, sur la toute nouvelle Virtual Boy de Nintendo... ouais, ça part mal comme ça, hein... Eh bien détrompe-toi ami lecteur, cette simulation de bowling est une excellente surprise ! Les sensations sont très bonnes, et le jeu se permet même quelques originalités comme le mode "Allemagne de l'Est", dans lequel Stefan doit lui-même poser les quilles, en l'absence de machine pour les disposer automatiquement. Le jeu propose même un mode 2 joueurs, avec la particularité de pouvoir jouer l'un après l'autre sur une même console, et pas nécessairement en link; les développeurs avaient sans doute compris qu'il serait difficile pour les joueurs de trouver un autre possesseur de Virtual Boy... Certes, la présence de Derrick n'est qu'un vulgaire argument commercial, et ça fait un peu mal au coeur de voir le nom du commissaire exploité de la sorte. Néanmoins, notre héros joue certainement au bowling dans ses rares moments de temps libres; de plus Horst Tappert a donné son accord, alors c'est que le jeu a une légitimité, hein, d'abord, non mais. Il est juste dommage que la nature de la console soit contradictoire avec l'objectif de la série: les maux de tête ne font pas partie des desseins de notre cher Herbert. A petite dose, mais très bon cependant.

   



On ne peut pas faire une rétrospective sur Derrick sans signaler les mauvaises intentions de certains petits malins prêts à tout pour dégrader l'image de notre cher Stefan. En effet, on a trouvé sur internet des informations farfelues relatant l'existence d'un jeu de football basé sur le personnage de Derrick...


Attention ! Ceci est un fake !

Convenons qu'après une simulation de bowling, tout pouvait paraître possible... mais soutenons-le fermement: ce jeu n'existe pas, c'est une vaste blague ! Reconnaissons la qualité de l'image, mais soyons sérieux: Derrick et les jeux vidéo, c'est une histoire presque sans rature, ne la salissons pas s'il vous plaît.

Depuis 1995, donc, aucune adaptation n'avait vu le jour. Remercions le studio Gaming-Side de nous offrir le grand retour de Derrick sur nos consoles, car la sortie de ce jeu marquera d'une pierre grise l'histoire du jeu vidéo.


Ein Deutscher cop Simulazion (à vos souhaits)

Simoulattesionne. Oui, en français, simulation. La facilité aurait été de pondre un jeu à la Max Payne, un jeu d'action violent et nerveux, avec du vrai sang et des vraies balles. Mais les connaisseurs de Stefan savent bien quelle hérésie cela aurait été. Le choix des développeurs a été de mettre le joueur dans la peau de Derrick, et de l'accompagner dans la réussite de ses enquêtes. Banal, vous dites-vous. C'est qu'il nous faut révéler un trait méconnu de la personnalité de Stefan. Il réussit à merveille à donner cette image impassible, toujours serein et efficace pour traquer la vérité derrière la suintante duplicité de bourgeois allemands quinquagénaires ne pouvant souffrir les conséquences de leurs forfaits commis à l'encontre de demi-putes ou de jeunes joueurs de bowling à la vie dissolue car leur patron attend d'eux une image irréprochable et d'ailleurs ils parviennent à tenir leur masque jusqu'à l'arrivée de Derrick et là, TINTINTINNNN !!! (exclamation destinée à te réveiller, lecteur, après cette brillante simulation textuelle d'un épisode de Derrick) !! Bref, le Stefan il est encore plus fort que le Dalaï Lama, dans un concours de flegme il lui mettrait la pâtée de sa vie, à ce bouffon (usurpateur d'identité qui plus est, mais c'est une autre histoire). Derrick possède pourtant un secret bien caché depuis des années. Non, il ne s'agit pas de sa calvitie... notre héros est atteint d'une extrême nervosité. Oui, tu as bien lu, Stefan est un grand nerveux. Un hyper-actif même. S'il ne se retenait pas, il irait allègrement foutre sur la gueule de ce bougre de coquin qui a tué sa maîtresse et qui sait très bien que Derrick sait mais qu'en l'absence de preuve il peut continuer à lui mentir, et ça le fait bouillir à l'intérieur. Mais ça ne doit pas se voir... Il en est de même quand Stefan perçoit la dévorante ambition de Klein, qui ne rêve que de prendre la place de ce chef qu'il devrait plutôt vénérer. Le phénomène se reproduit lorsque le téléphone sonne: on n'imagine pas les trésors de self-control nécessaires pour répondre au téléphone quand on n'a pas la présentation du numéro... Les situations sont multiples. Voici un fantastique concept pour un jeu vidéo. Les jeux originaux semblent pouvoir exister en Europe, et ne seront peut-être plus une exclusivité japonaise grâce à ce titre.



Dans Derrick Abentauer, le joueur est en charge du self-control de Derrick. Il agit sur lui de deux manières: par des stimuli internes destinés à faire baisser une jauge de "jvéluicasséssadjeule", apaisant le tempérament de feu de notre héros, et par un contrôle analogique de sa posture, afin d'empêcher le corps (splendide) de Stefan de perdre sa rectitude légendaire. En effet, à la moindre inclinaison, la circulation sanguine défaillante du grand amateur de choucroute qu'est Derrick rend son équilibre instable, et la chute est proche. Or, la chute est en quelque sorte l'équivalent du tilt au flipper, mais à l'envers: bien loin de s'estomper, l'énergie de Stefan est alors décuplée et lui fait perdre tous ses moyens. La personne dans la pièce subit alors un déferlement de violence, qui fait passer les furies d'un Orochi Iori pour une gifle de François Bayrou; Derrick est alors accusé de meurtre et finit en prison, c'est le game over. Le contrôle de la posture est donc primordial, mais le joueur est aussi responsable du contrôle nerveux, par l'envoi d'images mentales destinées à apaiser Derrick dans les moments de tension. La difficulté consiste à gérer tous ces aspects en même temps. Le contrôle nerveux fonctionne avec un menu à la manière des RPG: le joueur, se trouvant aux commandes des pensées de Derrick, choisit des commandes comme il choisirait ses attaques; en quelque sorte il s'agit d'attaques contre les ennemis que sont les provocations de l'accusé, ou de Klein.


regardez-moi cette gueule d'enculé de sa mère


Un "Stefan, je vais interroger Monsieur Klaus" ne se contre pas n'importe comment, et un mauvais choix peut avoir des conséquences néfastes; si Stefan est avisé par le joueur que l'absence de Klein va lui permettre de déguster le flacon de Schnaps qu'il s'est réservé dans le tiroir du bureau, cela lui fera accepter cette intolérable intrusion du jeune arriviste sur ses plate-bandes, et la jauge restera basse; en revanche, si on lui envoie un signal moins adapté, comme l'opportunité de réajuster sa perruque, le rappel de sa tare physique ne le mettra pas en joie (surtout que pour réajuster, il a les toilettes, car oui, les toilettes existent dans le jeu, Derrick aussi fait caca, et ça au moins ça le met en joie) et la jauge prendra cinq points, en même temps que le scénario prendra une autre direction. Nous sommes donc en présence d'un jeu d'aventure à multiples embranchements avec l'aspect de gestion du personnage en plus. Le joueur peut aussi intervenir lors des interrogatoires, en choisissant les questions retenues par Derrick, toujours dans le souci de ne pas l'énerver... Car si certaines questions restent sans réponse, Stefan prendra des points de "jvéluicasséssadjeule"; il faut donc veiller à ne pas poser trop tôt dans l'aventure certaines questions pourtant disponibles dans les menus, puisque l'accusé n'est pas encore assez "mûr", pas assez travaillé au corps comme le fait si bien Derrick à la télé, pour y répondre, ou même parfois la personne interrogée est innocente...


Quand on le cherche...

   
Derrick se fâche tout rouge.


La réalisation n'est pas en reste: bien que le jeu soit prévu sur xbox, GC et PS2, chaque version utilise au maximum son support; ainsi sommes-nous proches du photo-réalisme... Certes, les scènes d'intérieur dans des pièces aux dimensions modestes atténuent l'impression d'exploit technique, néanmoins il faut bien constater que la magnificence de Stefan est parfaitement rendue. Les plis de l'imperméable gris sont impressionnants de rigidité, et l'absence d'animation est éblouissante. On apprécie le refus du cell-shading et l'utilisation d'une palette de couleurs allant du beige jauni au marronnasse passé, qui donne au jeu le cachet graphique inimitable de la série. Le maniement, très simple, fait appel à toutes les touches possibles, pour permettre l'expression rapide des réflexes du joueurs, face aux situations d'urgence, comme par exemple un coup de téléphone survenant au beau milieu d'une discussion animée avec un témoin. Il est indispensable de pouvoir réagir au plus vite quand la situation ne nous laisse que 53 secondes pour faire un choix. Et les développeurs de Gaming-Side, en grands fans de l'inspecteur, l'ont bien compris.



Quant au scénario, aucune information n'a encore filtré. On murmure (en allemand) qu'il pourrait mettre Derrick aux prises avec une coalition des pires meurtriers des meilleurs épisodes de la série (ou l'inverse: les meilleurs meurtriers des pires épisodes, ou encore les pires épisodes des meilleures séries de meurtriers, j'ai jamais été doué en allemand), mais d'autres sources racontent que Stefan devrait déjouer un complot de la mafia belgo-bulgare dissimulé derrière une simple affaire de meurtre de livreur de kebab arrivé en retard chez un militant néo-nazi alcoolique. Quelle que soit la vérité, on peut compter sur les scénaristes pour faire exister dans le jeu l'exceptionnelle tension psychologique caractéristique de la série.




Le Snatcher européen est enfin arrivé. Nous attendons avec impatience sa sortie prévue pour la fin de l'année, et peut-être encore plus la sortie japonaise, peu de temps après, pour voir quel accueil ce public friand de ce genre de jeux pourra accorder à la future référence du jeu d'aventure-investigation. Soyons certains que d'autres jeux du genre suivront, on peut s'attendre à des adaptations de Tatort, Le Renard ou Un Cas Pour Deux. Souhaitons leur quand même de faire en jeu vidéo ce qu'ils n'ont pu faire à la télévision: égaler le maître.



Spécial bonus für les fans !
L'adresse officielle de Derrick :
"Derrick"
C/o ZDF
Postfach 4040
Mainz
Allemagne
Le fan club:
International Derrick-Fanclub
P.O. Box 74691
1070 BR Amsterdam
Pays-Bas


petitevieille & Cyclownette, Derrick lovers.

 Moralité :  rendez-vous à Grüner Straße.
Derrick Abentauer ein Deutscher Cop Simulazion

Daß ist ein Gute nouvelle: Derrick ist baque und il est pas content. Tout ça sur vos consoles, les enfants. Allez, réveillez-vous !

 Genre
  Action

 Support
  GC, Xbox, PS2

 Auteur
  petitevieille & Cyclownette


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