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Videogame is shit
Videogame is shit   
Selon Pierre Bourdieu, les jeux vidéo c'est du caca. Selon Petite Vieille, le caca c'est bien. Intrigant. Suffisamment du moins pour demander à cette dernière de pousser le bouchon un peu plus loin. Encore un petit effort, on y est presque.
Videogame is shit Genre
   Educapush
Support
   trône
Auteur
   petitevieille

"De toute façon, les jeux vidéo c'est de la merde, on est bien d'accord". Ainsi parlait Zarath... Pierre Bourdieu, avant de procurer un orgasme aux meneurs du PPA en mourant un matin, ou un soir, enfin peu importe, il est mort le gars. Mais il nous laissait cette pensée fondamentale: jeu vidéo et caca, même combat. La question agitait alors nos esprits: était-ce un éloge ou une critique des jeux vidéo ? Il est nécessaire d'être bien au point sur la nature des choses dont on parle. Quelle est la raison d'être de la merde ? Si l'on doit s'interroger sur les convergences entre la matière fécale et les jeux vidéo, n'est-il pas inévitable de connaître les deux éléments en présence ? Décrivons donc tout d'abord chacun de nos deux sujets d'intérêt, puis cherchons les similitudes, ainsi que les divergences, profondes ou non.
 
 



"De toute façon, les jeux vidéo c'est de la merde, on est bien d'accord" cria soudainement Pierre Bourdieu lors d'un débat houleux sur le plateau de l'émission Arrêt sur Image. Daniel Schneidermann en fait toujours des cauchemars la nuit. Quant à Pierre Carles, il prépare dans l'ombre un nouveau pamphlet vidéo.
William Black vous emmerde
Moralité?

Qu'est-ce que la merde ?

Cette matière à qui l'humanité doit faire souvent appel, bien plus qu'à Dieu (à moins d'être d'une habileté telle qu'elle ne renverse jamais son coca sur son exemplaire de télépoche, l'humanité), doit avoir une importance primordiale pour connaître un tel succès. Il est vrai que ceux parmi nos congénères qui sont parfois privés de l'opportunité de produire des fécès sont rarement satisfaits par cet état de fait. En revanche, celui qui parvient à extraire régulièrement le fruit de ses entrailles est généralement amené à considérer que "ça va". En effet, ça va très bien à la selle, voici le sens premier de cette expression banale, nous indiquant que nous avons raison de considérer que faire caca, ben c'est bon. La production de merde est intrinsèquement rangée du côté du bien, voilà qui nous permet de siéger sur le trône l'esprit libre sans craindre des représailles militaires de la part du pays représentant le Bien sur cette terre. Mais la merde elle-même, c'est une autre histoire... Elle subit un rejet tout à fait étonnant venant de l'immense majorité de la population, étonnant compte tenu du bien-être qu'elle procure par ailleurs. Les enfants, mettez donc une pincée de merde dans l'assiette de votre voisin à la cantine, vous verrez sa réaction... Il faut donc bien en conclure que la merde n'est pas en odeur de sainteté. Etrange paradoxe qui veut qu'une activité agréable ait pour finalité la production d'une matière désagréable...

Ainsi, si l'on compare quelque chose à de la merde, cela peut être destiné à dévaloriser l'objet en question, tout comme cela peut évoquer le plaisir pris à la produire. De même, les jeux vidéo visent à procurer du plaisir à leur propriétaire. Je doute qu'il s'agisse de faire circuler un disque optique de 8 ou 12 cm par les voies naturelles du joueur (je ne parle même pas des cartouches Neo Geo); on peut donc penser que l'image utilisée par Bourdieu n'est pas à prendre au premier degré. Il aurait certes pu dire "les jeux vidéo, c'est bon comme pondre de la merde", mais la phrase aurait perdu de sa force poétique. Alors maintenant, on se retrouve avec cette phrase sibylline, et on est bien emm... embêtés.

Cherchons alors du côté de la fonction. La matière fécale est le résultat d'un long enchaînement d'étapes de broyage, décomposition d'aliments et réabsorption de nutriments. Il s'agit d'un formidable tri de la part de notre tube digestif, destiné à faire entrer dans l'organisme les nutriments nécessaires, le surplus allant grossir le bon gros tas de matière qui aura le bonheur de revoir la lumière du jour. Quel travail pour générer ce surplus ! L'organisme est coordonné dans un seul but: faire sortir de l'intestin la plus juste quantité de matière possible, après avoir trié les nutriments, intégré les meilleurs d'entre eux, dans un processus de longue haleine, mobilisant des cellules variées, qui ne peut se régler en quelques instants. Il ne s'agit pas d'un rejet brutal comme le vomi (ce sujet mériterait à lui seul un article de fond - nous y penserons)... voilà qui témoigne de l'importance de notre objet d'étude. La merde est donc bien un produit élaboré, contenant de très bonnes choses, mais qui ont eu le malheur de se trouver dans un tube digestif avec de trop nombreux autres nutriments (cette réflexion exclut bien évidemment les objets inadéquats comme les têtes de poupées Barbie ou les préservatifs fourrés à la coke). Cette élaboration, le soin apporté à sa conception, range définitivement la merde parmi les produits à forte valeur ajoutée. Voilà qui éclaire la pensée Bourdieusienne d'un jour nouveau. Comparait-il la fabrication de la matière fécale à la longue conception d'un jeu vidéo ?


Et les jeux dans tout ça ?

Les jeux vidéo, nous le savons tous, ne se créent pas en 2 secondes sur le bord de l'autoroute des vacances, comme une vulgaire gerbe nauséabonde. Produire un jeu prend énormément de temps, ça met à l'oeuvre un très grand nombre de personnes, avec des talents différents et complémentaires. Programmeurs, graphistes, musiciens, testeurs, tout ce petit monde est réuni dans un seul but: faire sortir du studio de développement le meilleur jeu possible, après avoir trié les idées, intégré les meilleures d'entre elles, dans un processus de longue haleine, mobilisant des forces créatrices variées, qui ne peut aboutir en quelques jours. Il est évident qu'un jeu vidéo est un produit très élaboré, puisqu'il cumule les soucis de la musique avec le son, du cinéma avec l'image, et de la jouabilité pour ce qui lui est propre.

Seulement, nous le savons, le jeu vidéo est aussi critiqué. On en parle souvent comme d'un loisir abêtissant, avilissant, violentissant, épilepsissant, etc... Pour décrire de manière la plus objective cette activité, il convient de l'observer. Le joueur se retrouve donc généralement devant un tube cathodique affichant des images plus ou moins colorées, en tenant entre ses mains jointes comme à la prière un petit objet de plastique relié ou non par un fil à un appareil électrique générant ces mêmes images. Cette position s'accompagne de pressions répétées, parfois en rythme, sur de petites excroissances figurant sur eul'bout de plastoc qu'il a dans ses mains, le gars. Oula, reprenons-nous. Il paraît difficile d'expliquer le plaisir que peut procurer cette activité. En effet, après de longues heures d'observation, je puis affirmer avec la plus grande des certitudes, sur la tête de ma mère, que rien, j'ai bien dit RIEN, ne circule via la voie rectale du sujet pendant une partie de jeu vidéo. Nous avons bien tenté de provoquer l'événement espéré en faisant jouer le sujet à des jeux vidéo effrayants, comme il en fleurit sur tous les supports disponibles actuellement, mais cela ne changea rien: le slibard du keum, il était définitivement propre, bordel.

Il faut alors, la mort dans l'âme, bien avouer que l'origine du plaisir du sujet nous est toujours inconnue. Néanmoins, ce plaisir est bien réel, ce qui confirme un point commun supposé au départ de notre questionnement. Par ailleurs, nous avons démontré le parallèle entre les conceptions respectives d'une merde et d'un jeu vidéo: toutes deux demandent du temps et du soin, à la différence d'autres produits comme le vomi. Il est ainsi clair que le jeu vidéo n'est pas du vomi, mais il pourrait bien être de la merde. La réponse nous est apportée par une étude sociologique du jeu vidéo. Il a été confirmé que 79% des consoles portatives fonctionnaient très souvent aux toilettes. Gageons que si les consoles de salon étaient plus petites, elles connaîtraient le même sort. Ce chiottotropisme ne doit pas être négligé, car c'est la clé qui apporte la réponse à notre question. Si les jeux vidéo sont ainsi attirés par les toilettes, c'est bien entendu par solidarité avec leur cousine rectumale qui est cruellement expédiée vers des horizons froids et humides, alors qu'elle, la console portative, restera bien à l'abri dans la demeure familiale. Il faut y voir la preuve de l'évidente parenté entre jeu vidéo et matière fécale: il s'agit bien d'une même communauté.



Nous voyons le bout du tunnel

Le message de Pierre Bourdieu demandait décryptage. Son sens profond n'était pas accessible à la première lecture; il était une fois de plus victime du sens commun des mots, souvent bien éloigné de leur sens réel. Tout un chacun doit néanmoins en être aujourd'hui convaincu: les jeux vidéo, c'est de la merde, on est bien d'accord. Et c'est bien parce que la merde est source de joie que cette citation est la plus belle louange adressée au jeu vidéo.

- petitevieille -